Tanzanie : Étudiants et fonctionnaires priés de rester chez eux, un couvre-feu instauré

Les autorités tanzaniennes ont demandé aux fonctionnaires et aux étudiants de rester chez eux jeudi, au lendemain d'une élection générale marquée par des manifestations qui ont conduit la police à imposer un couvre-feu à Dar es Salaam.

Des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale économique, Dar es Salaam, ainsi que dans plusieurs autres villes mercredi, en colère contre l'exclusion des deux principaux opposants de la présidente Samia Suluhu Hassan de la course présidentielle, ainsi que contre ce qu'ils qualifient de répression croissante des critiques du gouvernement.

Des affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers, et un bureau du gouvernement local a été incendié à Dar es Salaam. Par ailleurs, le service Internet a été perturbé dans tout le pays.

“Tous les fonctionnaires du pays doivent travailler depuis leur domicile, sauf ceux dont les fonctions nécessitent leur présence sur leur lieu de travail, comme indiqué par leurs employeurs”, a déclaré un message publié mercredi soir sur le compte Instagram du porte-parole du gouvernement, Gerson Msigwa.

La chaîne de télévision nationale a également annoncé que les étudiants devaient suivre leurs cours depuis chez eux jeudi.

Msigwa n'a pas répondu aux appels téléphoniques ni aux messages texte sollicitant des informations supplémentaires.

Les rues de Dar es Salaam étaient calmes tôt jeudi matin, alors que les habitants sortaient d'un couvre-feu, avec une forte présence sécuritaire patrouillant dans les rues.

Rôle des médias sociaux

Cependant, sur l'application Zello, qui permet à un smartphone de fonctionner comme un talkie-walkie, certains manifestants ont discuté de plans pour de nouvelles manifestations, y compris des marches vers des bâtiments gouvernementaux.

Le principal parti d'opposition de Tanzanie, Chadema, avait appelé à des manifestations pendant l'élection, qu'il a qualifiée de “couronnement” de Hassan.

Chadema a été disqualifié en avril de l'élection, qui comprenait également des votes pour les membres du parlement et les responsables de l'archipel semi-autonome de Zanzibar, après avoir refusé de signer un code de conduite, et son leader Tundu Lissu a été accusé de trahison.

La commission a également disqualifié le candidat du parti d'opposition ACT-Wazalendo, ne laissant que 16 partis pour affronter Hassan.

Hassan, l'une des deux seules femmes chefs d'État en Afrique, est arrivée au pouvoir en 2021, après la mort la mort du chef d'e l’Etat John Magufuli.

Ces dernières années, des militants des droits de l'homme et des candidats de l'opposition ont accusé son gouvernement d'enlèvements inexpliqués de ses critiques.

Hassan a déclaré l'année dernière avoir ordonné une enquête sur les rapports d'enlèvements. Aucun résultat officiel n'a encore été rendu public.