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La destitution d'Andry Rajoelina, président de Madagascar, par l'Assemblée nationale, perpétue une tradition d'épisodes d'instabilité qui ont secoué le pays depuis 1992.

Madagascar malade de ses institutions

Depuis mardi, les militaires malgaches ont pris le pouvoir laissé vacant par le président Andry Rajoelina, parti pour une destination encore inconnue. Peu avant, l'Assemblée nationale avait voté la destitution du chef de l’État.

Le Colonel Randrianirina, à la tête de l’insurrection militaire, a annoncé la création du Conseil de défense nationale de transition (CDNT) pour exercer les fonctions présidentielles, en collaboration avec un gouvernement de transition (encore à constituer), tandis que l’Assemblée nationale reste en place. Plusieurs institutions, comme le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle, ont été suspendues.

On va mettre en place un comité composé d'officiers issus de l'armée, de la gendarmerie et de la police nationale. Peut-être qu'il y aura des hauts conseillers civils dans ce comité. C'est ce comité qui assurera les fonctions présidentielles. En parallèle, dans quelques jours, nous mettrons en place un gouvernement civil, a déclaré le colonel Randrianirina.

Cette transition, prévue pour une durée maximale de deux ans, a pour objectif de rétablir la stabilité, de préparer « la légalité républicaine » et d’organiser un référendum constitutionnel ainsi que des élections générales.

« Les manifestations, explique à TRT Afrika Amy Sen, présidente de l’association Culture et Solidarité de Madagascar, reflètent un mécontentement profond de la population face à des services publics essentiels défaillants. » Elle ajoute : « De nombreuses zones urbaines, notamment Antananarivo, subissent des coupures fréquentes d’eau et d’électricité, ce qui perturbe la vie quotidienne, les activités économiques et l’accès aux soins.”

Le vote de destitution du président par 130 des 163 députés, soit une majorité des deux tiers requise, illustre l’ampleur du malaise social.

“La défaillance des services publics a exacerbé un sentiment général de frustration envers le gouvernement. Ce mécontentement social s’est rapidement politisé : l’opposition, les jeunes générations et certains acteurs de la société civile ont associé les problèmes liés à l’eau et à l’électricité à l’incapacité présumée du président à gouverner efficacement”, insiste Amy Sen.

Selon elle, “les manifestations ont évolué en revendications politiques directes, certains groupes appelant explicitement à la démission du président, qu’ils considèrent comme le principal responsable de la crise.”

Depuis l’Égypte, où il participait au sommet pour la paix à Gaza, Emmanuel Macron s’est exprimé sur la crise malgache. “On a une jeunesse qui est politisée, qui veut vivre mieux, et c'est une très bonne chose”, a déclaré le président français. “Il ne faut juste pas qu'elle soit récupérée par des factions militaires ou des ingérences étrangères.” Macron a affirmé rester vigilant, en collaboration avec la Communauté de développement de l’Afrique australe et l’Union africaine.

“Si l’ordre institutionnel était rompu, Madagascar l’a déjà vécu, et les premières victimes seraient la population”, a-t-il ajouté.

Cette déclaration a été perçue à Madagascar comme “une ingérence dans les affaires internes du pays”, commente Amy Sen, qui estime que “l’amitié entre Madagascar et la France ne profite en définitive qu’à Rajoelina.”

Elle souligne également la protection consulaire française dont il a bénéficié pour son extradition, en raison de sa double nationalité. “La nationalité française a aussi servi de levier pour négocier sa sécurité lors de la transition politique, car elle impose une certaine responsabilité de l’État français vis-à-vis de ses ressortissants, surtout en période de crise.”

Madagascar est familier de l’instabilité politique, qui freine l’économie, bloque les projets de développement et aggrave la pauvreté. “Madagascar est le seul pays qui s’appauvrit depuis soixante ans sans avoir connu la guerre”, rappellent des chercheurs de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement).

De Philippe Tsiranana en 1992 à Albert Zafy en 1996, en passant par Didier Ratsiraka en 1991, tous ont vu leur mandat interrompu par un vote de l’Assemblée nationale. La destitution d’Andry Rajoelina s’inscrit dans cette continuité et soulève la question d’une réforme profonde des institutions malgaches.

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