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%Depuis le lancement de la plate-forme de GTA, la rareté des poissons déjà inquiétante à cause de la surpêche des navires étrangers, s’est accentuée, selon les communautés locales. Le secteur de la pêche emploie plus de 600 personnes au Sénégal.
Il est impossible de manquer la plateforme gazière au large des côtes du nord du Sénégal. Sa torchère brûle jour et nuit au-dessus des vagues déferlantes.
Ce projet de gaz naturel, gérée par le géant britannique BP et la société américaine Kosmos Energy, a démarré ses opérations en décembre 2024. Il est censé apporter des emplois à la communauté de pêcheurs densément peuplée de Guet Ndar, située juste à l'extérieur de l'ancienne capitale coloniale de Saint-Louis.
L'usine d'extraction de gaz, la plus profonde d'Afrique, vise à transformer l'économie stagnante du Sénégal après la découverte, il y a un peu plus d'une décennie, de pétrole et de gaz au large des côtes du pays. Le premier projet pétrolier offshore a également débuté l'année dernière.
Les pêcheurs affirment que ce projet détruit leurs moyens de subsistance. Mariam Sow, l'une des rares vendeuses restantes sur le marché aux poissons autrefois florissant, explique que le déclin a commencé en 2020 lorsque la plateforme a commencé à émerger de la mer.
« Ce marché était plein tous les jours », dit Sow en désignant le terrain désert. La plage voisine est désormais occupée par des centaines de bateaux inutilisés.
La pêche est au cœur de la vie dans les zones côtières du Sénégal. Elle emploie plus de 600 000 personnes, selon le Département américain de l'Agriculture.
En 2022, le pays a exporté près d'un demi-milliard de dollars de poissons, selon le think tank Chatham House, citant des données commerciales internationales.
La hausse des prix du gaz
Le projet Grand Tortue Ahmeyim prévoit d'extraire du gaz au large du Sénégal et de la Mauritanie voisine. Selon BP, le champ pourrait produire 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année.
L'année dernière, le Sénégal a élu le président Bassirou Diomaye Faye, qui a mené campagne sur une approche anti-élite. Il a promis de maximiser les ressources naturelles du pays, notamment en renégociant ce qu'il a qualifié de contrats injustes avec des entreprises étrangères et en redistribuant les revenus à la population.
« Je procéderai à la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives (et) à un audit du secteur minier, pétrolier et gazier », a-t-il déclaré lors de son premier discours. On ne sait pas si les efforts de renégociation des contrats ont commencé, ni s'ils incluront le projet gazier.

Les pêcheurs de Guet Ndar affirment que les bénéfices promis par le projet et le gouvernement sénégalais ne se sont pas concrétisés. Le coût de la vie reste élevé, et le prix du gaz naturel, une source majeure d’énergie de cuisson au Sénégal, continue d'augmenter. Des prix plus bas pour le gaz avaient pourtant été un argument clé du projet gazier.
Mohamed Sow, un commerçant à Dakar, explique que ses clients se plaignent qu'une bouteille de gaz de 12 litres est passée de 5 000 CFA (8,50 $) à 8 000 CFA (13,80 $) ces dernières années.
« Il est impossible de continuer à augmenter le prix », dit-il.
Les fuites de gaz dans l'eau
La communauté de pêcheurs proche du projet affirme avoir remarqué davantage de signes de problèmes.
Peu après le début de la production du projet gazier, les pêcheurs ont signalé un grand nombre de bulles dans la mer. BP a évoqué une fuite de gaz temporaire qui « n'a eu aucun impact immédiat sur les activités de production en cours des autres puits ».
La fuite a pris des semaines à être réparée. BP n'a pas précisé la quantité de gaz — principalement du méthane — qui s'est échappée dans l'océan, ni ce qui a causé une fuite si tôt dans le nouveau projet.
En réponse à des questions écrites, BP a déclaré que « l'impact environnemental de la fuite a été évalué comme négligeable » compte tenu du « faible taux » de fuite.
Cependant, l'Ong Greenpeace a qualifié les effets de ces fuites sur l'environnement de significatifs.
« Le champ GTA abrite le plus grand récif corallien en eaux profondes du monde, un écosystème unique. Une seule fuite peut anéantir des décennies de biodiversité marine, contaminer les chaînes alimentaires et détruire les habitats », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Assis à côté d'une unité de réfrigération de poissons construite et marquée par BP, censée améliorer les relations avec la communauté, Mamadou Sarr, président du syndicat des pêcheurs de Saint-Louis, a évoqué les préoccupations.
Sarr affirme que les poissons sont devenus plus rares car ils sont attirés par la plateforme et s'éloignent des récifs où les habitants de Guet Ndar pêchent depuis des siècles.
En dessinant dans le sable, il explique comment les poissons, attirés par les lumières et les structures sous-marines du projet, ne visitent plus leurs anciens « habitats ». Les zones autour des plateformes sont interdites aux pêcheurs.
Sarr ajoute qu'un récif artificiel que BP est en train de construire se trouve sur la route des navires qui visitent régulièrement les structures, éloignant encore plus les poissons.
La vie de pêcheur
Un pêcheur, Abdou, montre sa prise après deux jours en mer : deux caisses isolées pleines de poissons, chacune de la taille d'un baril de pétrole. Une caisse de poissons se vend 15 000 CFA, soit 26 $.
Avant le projet gazier, dit-il, il ramenait quatre ou cinq caisses par sortie de deux jours. Aujourd'hui, en obtenir deux est une victoire.
Cela aggrave un problème déjà causé par la surpêche des navires étrangers.
BP souligne que des discussions en face-à-face avec les membres de la communauté sur ces questions sont en cours, et met en avant ses projets communautaires tels que des programmes de microfinance et de formation professionnelle dans la région.
Sarr affirme que malgré ses promesses, le gouvernement n'a pas pris en compte sa communauté lors de l'accord sur le projet gazier.
« C'est notre terre et notre mer, pourquoi n'avons-nous pas notre mot à dire ? » demande-t-il.
Lui et d'autres expriment leur ironie face au fait que l'unité de réfrigération située à côté d'eux ne peut pas être ouverte. La clé est « quelque part à Dakar », dit Sarr, et les habitants affirment qu'ils ne l'ont jamais vue ouverte.
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